Voyager seul(e) en van, c’est l’une des formes les plus intimes de liberté. C’est se lever face à la mer, sans contrainte. C’est rouler sans autre compagnie que la musique, le paysage et ses pensées. C’est vivre à son propre rythme, écouter ses envies, improviser au fil des routes. Mais cette liberté a aussi ses revers : l’isolement, la gestion des imprévus, le regard des autres ou encore la question de la sécurité. Voici un tour d’horizon honnête et nuancé de ce que signifie réellement vivre la vanlife en solo.
La liberté totale : un luxe rare
Partir seul(e), c’est d’abord faire exactement ce que l’on veut, quand on le veut. Pas de compromis sur les destinations, les horaires ou les arrêts. Tu peux rester trois jours dans un village inconnu ou prendre la route à l’aube, juste parce que l’envie t’a pris. Cette autonomie absolue est souvent ce que recherchent celles et ceux qui se lancent en solo. On apprend vite à se connaître, à écouter ses besoins, et à s’ajuster au gré des émotions du jour. La solitude devient alors un terrain d’exploration, de recentrage, parfois même de guérison.
Mais parfois, le silence est lourd
Voyager seul(e), ce n’est pas toujours simple. Il y a des jours où l’on aimerait juste partager un lever de soleil avec quelqu’un, rire autour d’un repas chaud ou demander un coup de main pour une manœuvre. Les longues journées de pluie, les galères mécaniques ou les petites blessures du quotidien peuvent sembler plus lourdes à porter quand on est seul(e).
C’est là qu’intervient l’importance de créer du lien, même à distance : appeler un proche, rejoindre des groupes de voyageurs sur les réseaux sociaux, participer à des rassemblements ou simplement échanger quelques mots avec des inconnus rencontrés en chemin.
La sécurité : vraie inquiétude ou fausse peur ?
La question revient souvent : est-ce que c’est dangereux de voyager seul(e) en van ? La réponse dépend beaucoup du lieu, de l’attitude et du bon sens. Dans la majorité des cas, les incidents sont rares. Mais certaines précautions peuvent faire toute la différence : éviter les endroits isolés la nuit, se garer là où d’autres vanlifers sont présents, faire confiance à son instinct, et rester discret(e) sur ses itinéraires exacts, surtout en ligne.
De nuit, mieux vaut dormir avec les portes verrouillées et ses affaires importantes prêtes à être attrapées en cas de besoin.
Pour les femmes qui voyagent seules, certaines peurs peuvent être accentuées. Pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses à se lancer, prouvant que le risque réel est bien souvent inférieur à la crainte initiale. La vigilance reste de mise, mais elle ne doit pas empêcher de vivre. La vraie sécurité passe par l’anticipation, la confiance en soi et la capacité à dire non si une situation ne semble pas saine.
Apprendre à se débrouiller… et à lâcher prise
Voyager en solo, c’est devenir autonome sur tout : la mécanique de base, l’orientation, la gestion de l’eau, de l’électricité, de la météo, de sa santé. C’est une école de la débrouille qui rend plus fort, plus confiant. Chaque défi surmonté devient une victoire personnelle. Mais il faut aussi savoir accepter ses limites, demander de l’aide quand c’est nécessaire, et ne pas chercher la perfection. Le voyage n’est pas une performance, c’est une aventure.
Se créer des repères et des rituels
Pour que la solitude ne devienne pas pesante, beaucoup de voyageurs solos créent des rituels rassurants : écrire dans un journal, préparer son café de la même façon chaque matin, écouter un podcast en roulant, prendre le temps de cuisiner un plat maison. Ces petites routines donnent une structure au quotidien et aident à maintenir un équilibre émotionnel, surtout sur les longues périodes.
Et puis, il y a les rencontres
Voyager seul(e), ce n’est pas être seul(e) tout le temps. Au contraire, cela ouvre souvent plus de portes qu’on ne le pense. Quand on est seul(e), on est plus disponible, plus attentif, plus curieux. On ose plus facilement aller vers l’autre, et les autres viennent plus facilement vers nous. Des amitiés fortes, parfois inattendues, naissent au détour d’un bivouac, d’un marché local ou d’un atelier de réparation.
Voyager seul(e) en van, c’est une expérience puissante, intime, exigeante. C’est apprendre à se suffire à soi-même sans s’isoler du monde. C’est conjuguer liberté et vigilance, improvisation et prudence, indépendance et ouverture. Pour beaucoup, c’est un moment charnière, un choix de vie, voire une thérapie douce sur les routes.
Ce n’est pas forcément plus facile que de voyager à deux, mais c’est une autre forme de richesse. Et surtout, c’est un pas immense vers soi-même.